M. Pape Dione
Ma licence (équivalence de baccalauréat Québécois) en Aménagement du Territoire Environnement et Gestion Urbaine est empreint d’une solide formation théorique et pratique à l’École d’Économie Appliquée de Dakar – Sénégal, car ponctué de stages pratiques dans le monde rural où pour la première fois, étant jeune adulte citadin, j’ai côtoyé de près la précarité des conditions de vie de ces populations vivant loin des grands centres urbains.
A la fin de cette formation, j’ai entamé une carrière professionnelle en tant qu’assistant de programmes dans un Cabinet d’Études et de Consultance basé à Dakar – Sénégal. A titre de consultant en gestion de projets, j’ai collaboré étroitement avec des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux : ministères, directions, services publics, PNUD, Banque Mondiale, PNUE, Agence Française de Développement, Universités Européennes, ACDI, et j’en passe. Ce travail m’a permis de faire presque le tour du Sénégal, de pénétrer dans les entrailles du monde rural, de visiter des localités aux antipodes de l’opulence, de découvrir des hommes, des jeunes et des femmes travaillant, qui ne demandent qu’une coopération réelle et directe avec des moyens adéquats. Aussi cela m’a permis d’entrer dans le monde des grands concepts de développement, les grandes définitions, les grands courants et écoles de pensées sur le développement, les grands discours et j’en passe. Le travail que les grandes firmes internationales nous demandaient était de faire le diagnostic du monde rural. Pas d’éradiquer les problèmes, mais de voir de quoi souffre ce monde. Nous faisions beaucoup d’enquêtes, de focus groupe, de PAP (Programmes d’Actions Prioritaires) et prenions à longueur de journées des notes. A la fin de la journée nous retournions dans nos chambres d’hôtel et ou auberges et le lendemain on reprenait les enquêtes. Non nous ne dormions pas avec les villageois le soir. A la fin de l’étude, retour sur Dakar et rédaction de rapports. Ensuite on envoie aux commanditaires du projet basés en Europe, aux USA ou au Canada. Un suivi des recommandations proposées? Non! Un suivi auprès des personnes enquêtées? Non! Dommage que la plupart du temps toutes ces enquêtes prennent la poussière dans les bureaux climatisés des fonctionnaires. Et on recommençait. On attaquait un autre projet, une autre localité, un autre sujet, un autre secteur de développement : à savoir la santé, l’éducation, l’agriculture.
De cette expérience cumulée à celles de mes années de voyages, d’études européennes et Nord-Américaines, d’expériences professionnelles, de rencontres, de découvertes et de frustrations issues de la pratique du développement, je me suis rendu compte qu’il sera difficile, de cette façon que les bailleurs de fonds, les institutions de Breton Woods (Banque Mondiale, FMI, FAO etc..) ou encore les Etats du Nord en partenariat avec ceux du Sud arrivent à mettre sur pied une coopération internationale basée sur les besoins réels des populations locales.